Bravo aux équipes françaises médaillées à l’issue de ces relais internationaux :
Format par équipe de 4 : CL+CL+SK+SK
- Laurence Gouy-Pailler, Odile Lagarde, Marie-Christine Falch et Roselyne Buisson en Or (Women years>240)
- Hugo Loewert, Frédéric Badi, Jérome Blondeau et Christophe Perrey en Bronze (Men years >200)
- William Chastan, Didier Comte, Erick Simeon et Philippe Morel en Bronze (Men years >240)
- Daniel Croz, Alain Malatrait, Alain Laffay et Gilbert Levrino en Argent (Men years >280)
=> Les résultats complets des relais
LA JOURNÉE DES RELAIS
(retours et ressentis sur cette journée par Hervé Solignac)
Aujourd’hui, j’ai décidé de rendre un compte rendu sur la journée des relais…
Les relais, c’est tout d’abord, aller chercher les dossards fournis par l’organisation… Gilbert Levrino, notre Capitaine de l’Équipe de France Masters s’en est chargé la veille de l’épreuve. Nous avons appris par les messages de l’organisation de ces Jeux d’Hiver de Vermiglio que les départs se feraient à 10 h du matin, donc dans le froid et à l’ombre de la montagne qui environne cette petite vallée Italienne.
Dans l’après midi précédant l’épreuve, il faut s’occuper des skis pour optimiser les chances de bien figurer dans le classement final. N’ayant pas prévu de faire un relai, ni faire du classique, mon matériel adéquat est resté à la maison… Reste à trouver parmi le groupe qui pourra me fournir skis, chaussures et bâtons… Daniel Croze veut bien me prêter une paire de ses skis qu’il n’utilisera pas, ce qui est rassurant pour moi car je sais qu’il a de très bons skis. Par contre, il faudra assurer avec lui, le fartage de cette paire, puis celle de Mari Christine Falch et la sienne…
A 15 h, direction le sous sol de l’hôtel Pangrazzi, dans la salle de fartage allouée à cet exercice…Brosser des semelles avec Daniel comme superviseur demande pas mal d’énergie car on frotte, on frotte, on frotte encore à la brasse laiton, et, quand il passe à son tour la brosse, il se plaint que je n’ai pas assez appuyé sur la brosse… « Faut pas les caresser, les s’melles, faut qu’ ça appuille sur la brosse !!! ». Quelques coups de brosses plus tard Daniel me demande de farter les parties réservées à la glisse. Là, il me fait confiance mais regarde d’un œil de lynx si tout se passe comme il l’entend, surtout au moment où je passe le racloir sur la semelle…
Une fois cette opération achevée, il s’écrie: « Allez, faut qu’tu les met’ au frais, sors moi tout ça dehorrrs ! ». « Allez on va fair’ la pair’ d’la Marie Christine, parrrreil, même opération mon gars…Quand ell’va skier, ça va fair’ des étincelles, t’vas voierrr !
La détermination du Tarentais est là, présente tout au long de ce fartage. Il faut faire vite, il a encore sa paire à faire…La première paire de skis passé au frais, est ramenée dans la pièce où elle est brossée au nylon dur puis plus fin et plus doux. L’utilisation de la petite perceuse à main que j’ai emmené rend très bien ce service et le satisfait pleinement jusqu’au moment où Daniel reprend la direction de l’opération finale: le brossage au « crrrin d’cheval ». Les deux paires achevées, sont rangées dans la housse et, je m’enquière d’une paire de chaussures en 43…
Petit message à l’ensemble du groupe où la solidarité joue à fond. Didier Monin qui ne court plus et que je remplace pour le coup, m’apporte une paire en taille 45… « En mettant quelques mouchoirs devant et en serrant très fort les lacets, tu devrais pouvoir t’en servir au mieux » me dit-il rassurant…
Etre temps, un message en retour d’Emmanuel Lanchais qui loge dans une autre ville me propose une paire en 44, ce qui me rassure un peu mieux, même si les Alpina de Didier, je les porte aux pieds depuis plus d’une heure dans ma chambre… Au pire je prendrai celles ci, au mieux celles qu’Emmanuel me prêtera demain matin… Problème résolu.
Je pars dîner avec le groupe dans la grande salle à manger où les repas du soir sont très riches, très copieux, très savoureux, Très TOUT, quoi …A table, les discussions sur les futurs classements en relais vont bon train, et quelques hypothétiques films plus tard, entendus ça et là, je remonte dans la chambre, me reposer paisiblement en espérant passer une bonne nuit…
Il y a de la responsabilité sur la personne quand on se voit attribuer le dossard rouge de celui qui va partir le premier du groupe…Il est 22h 34… Une fois couché, le copain de chambrée vient d’éteindre la lumière …Et là…Je réalise…« Oh, non ! Je n’ai pas de bâtons à la bonne dimension pour faire du classique… » L’inquiétude soudaine fait place à la réflexion pour deviner qui pourra, demain matin me dépanner d’une paire de bâtons de 1m55… Qui fait du classique ? Qui mesure à peu près comme moi ? Georges Lagarde, il est trop grand, Odile, son épouse court déjà en classique… Eric Siméon peut être, Jean Marc Berliat qui court en Skate dans mon relai ? Je fais le tour des solutions possible et elles sont nombreuses… Je m’endors, serein…
Le jour J, dès mon arrivée dans la salle en rotonde du petit déjeuner, je m’en vais voir Erick qui accepte spontanément de me prêter les siens… ( on est de la même taille…). Bonne pioche. Je vais faire un relais avec un ensemble de matériel technique que je vais devoir apprivoiser durant une petite demie heure avant mon départ. La confiance est là, car jusqu’ici tout s’est mis en place, petit à petit… Les planètes s’alignent… Que peut-il m’arriver de mieux ?
Arrivé aux vestiaires chauffés au rez de chaussée du bâtiment Bar-Restaurant-poste de Secours-Toilettes-Garage à engins divers et matériel, je vois arriver Emmanuel avec dans ses mains, une belle paire de Salomon carbone Bleue et noire, qui n’a servi que 5 fois… Je les enfile et décide que le 44 sera quand même plus en accord que les barques de Didier avec ma pointure de 43 1/3… Quelques minutes plus tard, encore vêtu de la doudoune Masters, je chausse les skis de Daniel qui vient de poser sous la chambre de retenue, une longueur de klister… Lequel me direz vous ?
Mystère… Je ne sais même pas ce qu’il m’a mis en retenue, et je m’en désintéresse tellement : je lui fais confiance. C’est lui le spécialiste…« Allez, on va essayer ça, si ça va… On mont’ là-haut, droit dans la pent’ et on verra ben comment qu’sa marche, boudiou ! Allez, zou, on y va ! Et oui, c’est com’ça qu’ça march’, mon ami… » On file dans les traces par moins dix degrés, avec dans le visage, un petit vent contraire plus que frisquet qui évolue à la vitesse de la petite rivière qui s’écoule en cette fond de petite vallée polaire…
Je décide de faire une ou deux fois la piste de deux kilomètres pour repérer les descentes peu raides mais très rapides dans les traces gelées, pour négocier les virages à 90° hors traces et d’autres dans les traces… Tout passe bien… L’accroche peu convaincante du début commence à fonctionner un peu mieux vers la dernière montée que je ferai de toute façon en canard sauté.
Faut assurer un chrono quand même !!!
Un premier tour achevé, je décide d’en faire un second… J’ai le temps… Je retrouve Daniel, concentré dans le premier passage pentu. Je le rassure sur la glisse rapide de ses skis et son choix de fart de retenu qui s’affirme de plus en plus. « Faut fair’avec, mon gars, t’as pas l’choix, allez fonce non de diou ! »
Fin du deuxième tour…
Je connais (par coeur ?) les pièges à éviter, les endroits où la relance sera facile, là où le pas de canard sauté sera plus efficace qu’une hypothétique réussite d’une montée dans les traces.
Tant pis pour l’esthétique du geste, l’efficacité avant tout ! Dans un quart d’heure, c’est le départ… Je rentre aux vestiaires me déshabiller, range le tout au dessus des casiers et ressors dans le froid de canard ( pas sauté…). Contrairement à ce que j’aurai cru, sur le moment, je n’ai pas froid, mais au bout de 3 minutes, il a bien fallu, après avoir déposés mes skis sur la première ligne marquée n°8 qui coïncide avec mon dossard rouge n°8, que je bouge en courant, en sautant, en piétinant d’une bout à l’autre du stade de départ…
Comme tous les autres d’ailleurs, et, ce n’est qu’à deux minutes du départ, que chacun a rejoint ses skis, les a chaussé, a enfilé ses dragonnes, et a trituré sa montre au poignet…
10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1… Top !
On s’est enfin élancé dans nos traces respectives, en double poussée, avec un effort rythmé et maîtrisé pour suivre le concurrent qui est parti plus vite que nous. Je suis derrière un Tchèque… Je pousse régulièrement quand un adversaire crie à coté de moi et se met à tomber lourdement. Dans sa chute, il a dû en entraîner d’autres puisque pendant un moment je suis esseulé derrière mon Tchèque que je colle aux skis… On arrive au premier pont, puis à une petite côte où un fondeur me passe doucement en double poussée et en soufflant bruyamment et se rabat juste devant moi dans les traces. Fair play ou défaitiste, je le laisse s’installer devant mes skis quand on arrive à la première vraie montée que je vais faire en pas sautés derrière lui…
Une descente et une montée plus tard, c’est Daniel, que je croyais devant, qui passe devant mes skis, et prend aussitôt la trace. A ce moment là, je suis content de voir qu’il est là et, de suite, je me dis que je vais le prendre comme modèle et le suivre au plus près… Je le suis dans la longue et rapide descente… Il sort de la trace pour négocier le virage à gauche et je l’imite au mieux. Je n’ai plus qu’à l’imiter dans ses trajectoires. Son sens de la piste ne peuvent que m’aider à faire au mieux mes deux tours de 2 km. Je le talonne dans la dernière montée avant le lieu du passage des relais.
Maintenant, on est deux à skier ensemble, c’est rassurant. Il ne me largue pas, je m’accroche à ses mouvements du mieux que je peux. Il me distance un peu mais je tiens le coup. Le pont, la première montée, la descente, le virage, l’avant dernière ligne droite descendante sont passées… Daniel m’a mit 100m dans la vue, mais je le rattrape dans la dernière bosse… Je suis à 2 m de ses spatules au sommet. En bas du talus, il a de nouveau 15 m d’avance, je donne toute l’énergie possible et nécessaire pour le recoller…Il passe son relai et je passe le mien quelques secondes après en touchant Raymond Tschaenn en l’encourageant au mieux…
Je me laisse glisser doucement vers Daniel qui fait volte face. On a un regard complice, on se touche les gants, on acquiesce un mouvement de la tête pour se dire mutuellement : « on l’a fait et bien fait. ». La course de Raymond, je ne l’ai pas vu car le froid mordant encore bien présent 20 mn après notre départ m’obligea à rendre les armes et rentrer aux vestiaires pour enfiler le nouveau pantalon surchaud, une sous veste et la doudoune, sans oublier de changer le bonnet trempé de sueur.
Un jus de pomme chaud plus tard, je voyais un Jean Marc Berliat en pleine bataille passer sur la ligne des relais pour son premier passage. Sa glisse semblait bonne et dix minutes plus tard c’était au tour d’Yves Doudnikoff de prendre le dernier relai. Quand Yves terminait son tour, le soleil commençait à éclairer le village de Vermiglio juché sur la colline, dominant le site du ski de fond.
Avec quelques irréductibles courageux au froid, on encourageait de la voix l’arrivée de Marie Christine Falch dont les skis assez rapides ne faisaient pas d’étincelles, puis Roselyne Buisson, Odile Lagarde, Georges son mari, Gilbert Levrino…
Une demie heure plus tard, on réunissait le maximum de participants de ces relais pour faire la photo de famille du Groupe France Masters sous l’arche d’arrivée du site du Cross Skiing.
Une boisson réconfortante devant l’écran qui retransmettait la victoire du Descendeur Cyprien Sarrazin, ou un repas pris à la cafétéria du site étaient bienvenus pour certains d’entre nous. Les autres étaient déjà rentrés à l’hôtel pour farter la bonne paire pour l’épreuve du 30 km de demain, faire la sieste ou attendre l’heure du biathlon…
A 17 h, une partie de la troupe Masters descendait au village voisin pour la remise des médailles du jour. Au pied de la petite paroisse du village, dans un décor aménagé aux couleurs de la manifestation, les plus performants montaient sur le podium et posaient pour l’éternité devant mon appareil photo.
Quelques photos prises durant les courses :