Des Grisons au Val di Fiemme…
A quoi ça sert le ski ? A quoi ça sert de faire des courses ? Pourquoi fais-tu tout ça ?
Qui d’entre nous n’a pas déjà entendu ça…
Patrick, Olivier et moi avions préparé ce voyage depuis belle lurette :
Et comment y va t-on ? Et où est-ce qu’on dort ? Et qu’est-ce qu’on amène ? Et qui fait quoi ? L’intendance réglée, nous avons fini par partir pour un joli programme de courses en technique classique : La Diagonela (50 km) en Engadine, la Lavazelopett (22 km) au Passo di Lavazé dans les Dolomites puis la Marcialonga (70 km) dans le Val di Fiemme.
20 janvier 2023 : en route vers Pontresina, petit bourg de l’Engadine où nous avons logé au Youth Hostel, idéalement situé sur le départ de la Diagonela ! Une aubaine car arrivés tardivement le vendredi soir, nous avons loupé à très peu le retrait des dossards à Zuoz qui étaient déjà repartis sur l’aire de départ pour le lendemain.
Fourbus par un long voyage qui n’a pas manqué de péripéties nous n’avons pas demandé notre reste pour fermer les paupières. Le lendemain, il fallait tenir les 48 km CT de la Diagonela (un peu raccourcie de 65 à 55 puis à 48 km) avec un froid polaire annoncé !
Samedi 21 janvier : nous voilà alignés sur la ligne de départ, emmitouflés de toutes parts pour ne pas geler sur place. Enfin, alignés… non, pas vraiment, Olivier sur une ligne bien devant et en ski double poussée (sans fart d’accroche). Patrick et moi bien plus en arrière, lui tentant également la course sans fart et moi fartée classiquement à la poussette bleue. La température flirtait avec les moins vingt degrés, nous n’avions plus qu’à nous réchauffer en skiant ! Cela ne fut pas difficile car la course que l’on pensait facile, roulante, rapide ne le fut pas du tout… Nous avions été un peu optimistes sur ce coup-là : neige froide (mais bonne), montées et descentes difficiles et techniques et du vent de face sur la dernière portion où désespérément je me demandais à quel endroit nous allions enfin tourner pour prendre la boucle retour qui nous menait à Zuoz ! Immédiatement, nous avons été mis dans le ton et unanimement nous avons trouvé cette course DIFFICILE !
Le vainqueur de cet édition, Emil Persson, boucle en 2h, suivi de…. Olivier Traullé qui, quelques places plus loin, boucle en 3h12. Bien loin derrière, j’ai pointé le bout de mon nez en 4h27 puis Patrick Jamroz qui courageusement était parti sans fart arrive en 5h43. Un bon bouillon chaud nous attendait à l’arrivée avec un concert de hard rock au pied du clocher…ambiance garantie ! Le retour en train jusqu’à l’auberge rajoutait au pittoresque du charme si particulier à cette vallée de l’Engadine. Fourbus mais heureux d’en avoir terminé avec cette première course, nous avons profité du dimanche pour aller visiter Saint Moritz et ses palaces pas vraiment faits pour nous puis nous avons regardé les entraînements de skeleton où les équipes se préparaient pour le championnat du monde. Un petit tour de ski l’après-midi en récup sur du plat a clôt cette dernière belle journée dans les Grisons.
Le lundi matin, la neige étant annoncée, nous n’avons pas traîné pour faire nos sacs et partir pour Moena, dans le Val di Fiemme. De la Suisse, nous allions vers l’Italie par le parc National Suisse, le Val Müstair et ses hauts cols… Fort heureusement nous avions un bon véhicule qui nous a mené sur toutes les routes, mêmes les plus enneigées ! Arrivés sous neige battante dans le Val di Fassa, nous avons chaussé nos skis durant une petite heure avant d’arriver à Moena, histoire de se dégourdir les pattes après de longues heures de voiture. De la neige, il y en avait, cela augurait une bonne piste pour la Marcialonga à venir !
Installés à l’hôtel Monza sur les hauts de Moena dont nous commençons à bien connaître les charmants propriétaires, logés et nourris comme des rois, nous allions pouvoir nous préparer tranquillement aux deux courses à venir. Dès mardi, le ciel nous a souri : bleu polaire, froid, neige fraîche : le paradis des skieurs !
Le Val di Fiemme nous offrait le meilleur !
Profitant du temps que nous avions, nous avons visité différents sites de ski de fond dans le secteur : Passo di Lavazé où nous allions courir la Lavazelopett et San Pelegrino, belle station située à un col en face de Moena. Que de beaux endroits ! Et quelle neige ! De la poudre blanche immaculée, de quoi redonner envie de faire du classique à ceux qui n’en font plus ! Là, pas de doute, fart dur et froid et hop ! Il n’y eut que moi pour me tromper de base avant de monter au Passo San Pelegrino…(site de Lachet) tant et si bien que je dû prendre les skis de skate d’Olivier pour pouvoir glisser un peu et m’entraîner en poussée simultanée grâce à ses bons conseils ! Mes classiques bottés prenant des vacances dans la voiture !
Ski, délicieux repas, jacuzzi et sauna … tous les ingrédients nécessaires à une bonne recette pour se faire plaisir en course !
La Lavazeloppet du jeudi ne fut qu’une formalité : un parcours magnifique mais bien profilé (belles descentes et belles côtes) dans un cadre splendide et sur une neige de cinéma. Les 22 km annoncés ne faisaient en réalité que 18 km, mais cela était parfait pour ne pas trop en faire avant la Marcia ! Olivier toujours en DP termine en 1h01 et fini 37ème au classement général derrière un premier qui boucle en 46 mn…(Pffff, oui, mais ce sont des p’tits jeunes;) Patrick termine en 1h40 avec le même fartage que moi et à la 179 ème place et je boucle en 1h34 et à la 155ème place. C’était vraiment un bel échauffement pour la Marcia, à refaire une prochaine fois si les conditions sont aussi bonnes !
Puis, la dernière échéance approchant, nous nous sommes mis un peu au repos, petit footing vendredi et sortie light en skis au fond de la vallée à Canazei où la neige était encore poudreuse samedi.
Peu à peu, les tables se sont remplies de coureurs à l’hôtel Monza dont un groupe de moniteurs des Saisies et Franck Piccard, notre ex champion olympique de super G, venu se frotter à la Marcialonga.
Boris Petroff et ses amis du Morvan (Dominique et son fils) sont aussi venus partager l’apéritif et le repas du vendredi soir… Nous étions une bonne tablée bien sympathique et un peu échauffée par les quelques verres de sprit. Le ski, c’est bien… mais le reste aussi !
Dimanche 29 janvier : Il fait froid au départ de la Marcia. Les moins dix annoncés sont bien là et le départ tarde un peu. Dans les boxes de départ, on se tient chaud avec la foule, mais tout de même nous avons hâte de nous mettre en route, tout d’abord parce qu’il fait froid une fois les sacs mis au camion puis aussi parce qu’il en reste à faire ! j’ai toujours un petit stress de me mettre mal dans une longue course comme celle-ci, alors lorsque la moité est faite, je sais que c’est gagné ! Cette année je me suis promise de ne pas me mettre dans le rouge à la montée, de toute façon ça bouchonne toujours un peu au début dans les côtes et rien ne sert de doubler sur un départ lorque l’on a mon niveau. La montée jusqu’à Canazei ça sert à se chauffer, la course est longue, il faut tenir la distance ! Je me laisse donc «un peu vivre » jusqu’à Canazei et je commence à pousser sur les cannes ensuite. Hélas, et comme bien souvent, j’ai farté un peu long et je glisse mal me faisant doubler par des hordes jusqu’à Predazzo (pour Olivier dont c’est la 7ème participation, la course commence là). Le fartage était pourtant bon à la glisse comme à l’accroche et les conseils de Benoit (des Saisies) m’ont bien aidée pour la préparation de la retenue qui s’avérait un peu casse-tête : neige poudreuse et froide au départ puis transformée à l’arrivée. Je me suis sentie donc comme le disait l’expérience d’Olivier, vraiment démarrer la course à partir de Predazzo, lorsque certains ont commencé à lâcher un peu prise et qu’à la longue mon fart de retenue commençait à s’amenuiser…
6h24 après le départ : me voilà arrivée presqu’en forme à Cavalese après une montée de « La Cascata » tranquille et sans avoir à refarter en bas. Quelle belle édition que celle-ci malgré le froid qui nous à tenaillé jusqu’à Canazeï !
Devant moi et loin devant malgré un long stop sous les lampes infrarouges pour hypothermie, Olivier Traullé en 5h03 qui a pu finir grâce à des bombes aux pieds fartées la veille en glisse par le Team Nordic Expérience. L’équipe des Saisie quant à elle tourne entre 4H et 4h40, Boris Petroff en termine en 6h03 et Patrick Jamroz parti en skin cette fois-ci boucle en 7h27 malgré les nombreux bouchons qui l’ont bien ralenti.
Fourbus ? Oui, mais heureux d’avoir bouclé une nouvelle course dans une ambiance de tour de France. Car la Marcia, c’est ça… un peu le tour de France de l’Italie du Nord !
Alors, à quoi ça sert tout ça ? Je ne sais pas vraiment mais on en revient toujours heureux. Et puis le ski classique c’est tout un art de vivre : il faut trouver l’accroche, avoir de bons appuis et oser lâcher prise… Un peu comme dans la vie en somme !
Il nous a fallu rentrer bien sûr… falloir est un verbe que je n’aime pas, évidemment !
Enfin, je ne peux terminer ces quelques lignes sans remercier mes deux compagnons de route, de courses et d’amitié sans qui cette aventure aurait été bien moins sympathique !
Claire Moisy